Nous voilà donc devenus des wwoofers assidus. Pour ceux qui l'ignorent, WWOOF est une organisme internationel mais dont la gestion revient à chaque pays membre et qui offre l'opportunité de travailler sur des fermes biologiques partout sur la planète en échange d'un lit et de nourriture. Nous travaillons donc six jours par semaine, environ 6 heures par jour en enlevant les pauses, dans la petite communauté rurale d'Hotani. L'endroit comme tel est vraiment superbe, on se croirait par moment dans un animé japonais (dont on ne cherche d'ailleurs pas plus loin d'où ils tirent l'influence de leurs paysages). Nous vivons chez Kamitake-san et sa femme Okami-san, mais nos appartements sont séparés. Ils ont la grande maison, et nous avons une petite place à côté où se trouvent notre douche, notre petite cuisine et notre minuscule salle de télé, le tout environ grand comme une très grande chambre à coucher par chez nous. Dans un autre bâtiment, au deuxième, se trouve notre chambre et celles des autres wwoofers, et au premier, une salle de bain commune. Nos hôtes ne parlant pas l'anglais et nous pas le japonais, nous n'échangeons guère plus qu'un ohayo gosaimas (bon matin plus formule de politesse) le matin et un otsukare sama deshita (bon travail plus formule de politesse) à la fin de la journée. Nous passons donc la majorité du temps avec les autres wwoofers et avec l'employé/gestionnaire principal de la ferme, Oshima-san, lequel parle un anglais très bien pour les besoins de la place. Nous préparons nos propres repas avec les ingrédients disponibles (beaucoup d'oignons, mais aussi beaucoup trop d'oeufs et de chou!) et en découvrant quelques sauces d'ici, et comme il nous faut aussi cuisiner le midi pour les autres employés et volontaires, nous ne devons pas trop sortir de leurs habitudes. Donc beaucoup de soupes de miso, de riz blanc et brun et de thé, en plus de quelques morceaux de viandes ou tofu et de légumes (en plus du chou, on a un peu de carottes et d'épinards et autres trucs quand on est chanceux) mélangés avec une sauce ponzu, une sauce yaki ou un mélange de saké, de mirin (saké vinaigré sucré) et de sauce soja. On lance aussi parfois le tout avec des nouilles soba ou udon pour faire un yakisoba ou yakiudon, en rajoutant mayo et poudre d'algue sur le tout (à faire à la maison!!!). Le soir, Oshima mange aussi avec nous, mais puisqu'il est plus jeune et moins conservateur, on peut s'éloigner un peu de la tradition sans problème. Sachiko-san, une vieille dame extrêmement chaleureuse et qui adore pratiquer son anglais avec nous, nous rend régulièrement visite. Elle est venue nous chercher à la gare de train le premier jour et vient environ deux fois par semaine, une pour des conversations en anglais avec un autre volontaire du dimanche (durant l'une desquelles, en sachant que nous étions allé à New York, elle nous a demandé avec une immense et sincère admiration si nous avions vu la statue de la liberté et son cornet de crème glacé!), et une pour montrer un petit plat de cuisine japonaise campagnarde à Laurie. Un seul soupé avec nos hôtes pour l'instant, un BBQ japonais bien arosé au saké (très bon ici, rien à voir avec le racle-gorge qu'il est chez nous, à moins que j'aie raté les bons...).
Côté travail, c'est toujours bien et les journées passent sans qu'on s'en aperçoive. On saute le matin debout dans la boîte du camion d'Oshima ou d'un autre, et on regarde défiler le paysage en prenant des bonnes bouffées d'air frais. On file sur les rues étroites et labyrinthiques de Hotani, mais l'endroit est si petit qu'on s'y retrouve facilement. On passe souvent près d'un petit lac artificiel bordé de murs de pierre carrées posées obliquement et bordé de cerisiers desquels on a regardé tomber une pluie de pétales au fil des jours. Les maisons sont toutes regroupées en de petits amas serrés entre les rues, souvent perchés au sommet de murs de pierres bordant les routes. Elles sont construites pour la plupart dans un style traditionnel semblable aux temples décrits plus tôt, avec bien sûr moins de fioritures sur les poutres et sur les tuiles des toits. À l'extérieur du petit regroupement d'habitations, on plonge dans les champs en longues terrasses ou encore dans les forêts de bambous, longeant un petit ruisseau et esquivant les branches qui descendent à notre hauteur de temps à autre (on commence à les connaître par cœur). Chaque agriculteur possède un petit lopin ici et là, ce qui fait qu'on se promène beaucoup sur ces petites routes, à notre plus grand plaisir. Les premiers jours, on commençait la journée en nettoyant l'enclos des poulets, mais on s'évite cette tâche depuis près d'une semaine maintenant. Sinon, on pelte du composte ou on y vide les nouveaux arrivages de fumier ou de restants de restaurants décomposés par des cultures bactériennes (on a des leçons à apprendre ici!), on creuse des cannaux de drainage, on arose les jeunes pousses ou on désherbe autour, on plante ou on prépare le sol pour les plantations à venir, on transporte du bois et on détruit du bambou pour la chauffage à coup de masse, et tout ça sous la supervision d'Oshima. Ce dernier est devant un champ comme un peintre devant sa toile. Il réfléchit sans cesse à ses plans, pense en conséquence des projets à venir, cherche toujours à améliorer les choses en creusant un peu par ici, en mettant un peu de terre là, en prenant en compte l'ensoleillement et les pluies, il y a toujours plus à faire. Et s'il peut s'avérer un peu rude dans les champs dans ses mauvaise journées, il n'en est pas moins une excellente personne qui aime parler et plaisanter le soir, et dont la compétence n'a d'égale que son humilité. Et dans tout ça, ce qui est très gratifiant (surtout quand on compare à notre expérience de volontariat en Équateur), c'est que notre aide est réellement appréciée ici, et que la ferme dépend beaucoup du travail des wwoofers et autres volontaires (il n'y a qu'un autre employé mis à part Oshima).
Avec beaucoup de photos ici et ici.
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